Le nombre de consultations des services d'urgence a doublé entre 1996 et 2017, passant de 10 à 20 millions...et la crise sanitaire en cours face à l'épidémie de coronavirus devrait faire exploser les prochaines statistiques. Et pourtant, nous avons tous oublié que ces services n’ont pas toujours existé.
Comment sont-ils nés ? Pourquoi et comment se sont-ils développés ?
L'historien Charles-Antoine Wanecq (Centre d'histoire de Sciences Po) s'est penché sur l'histoire de l'urgence, à qui la nation doit et devra encore tant de vies.
Votre thèse a poursuivi cette histoire des secours d’urgence en France, sur une période plus large…
J'ai enquêté dans ma thèse sur la façon dont l’État a peu a peu investi ce champ de l’urgence, de la fin du XIXème siècle à la fin du XXème. Je me suis intéressé notamment aux périodes de guerre, et à la façon dont on transpose en temps de paix les progrès nés sur les champs de bataille ou dans les bombardements. Par exemple, durant la 2ème Guerre mondiale, les ambulancières de la Croix Rouge ont mis en place leur propre programme de formation à la conduite et aux premiers soins. Elles ont posé les jalons d’une véritable filière professionnelle, dont l’État s’est inspiré après-guerre. Bien plus tôt, à la fin du XIXème siècle, les localités avaient anticipé la future politique publique des secours en créant leur réseau d’ambulances municipales.
Ce qui m’intéresse dans ce travail, c’est de raconter comment, peu à peu, l’État a intégré et organisé cette responsabilité nouvelle, celle de la vie humaine dans ce qu’elle a de plus fragile. Et de voir comment la société en a pris sa part, à travers la diffusion du secourisme
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